Laurette de Vivie Aufroy

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Succès de la CAQ : un salon Bleu toujours plus bleu ? [data-visualization]

La Coalition Avenir Québec s’est imposée comme gouvernement majoritaire pour la deuxième fois aux dernières élections générales. Face à elle, le Parti libéral et le Parti québécois semblent peu à peu s’essouffler.

Ce n’est un secret pour personne : la CAQ connaît un succès fulgurant. Depuis son entrée dans la course électorale aux élections de 2012, le parti de François Legault ne cesse de remporter de nouveaux sièges à l’Assemblée, pour atteindre un total de 90 sièges aux élections d’octobre 2022.

Ce nombre, très élevé, avait seulement été atteint à trois reprises par le plus ancien parti toujours en lice au Québec, le Parti libéral, aux élections de 1973 (102 sièges), à celles de 1985 (99 sièges), ainsi qu’à celles de 1989 (92 sièges).

C’est la première fois depuis 1970 qu’un parti autre que le Parti Libéral ou le Parti Québécois détient une majorité de sièges à l’Assemblée.

Une stratégie bien rodée

Si François Legault et son parti parviennent tant à gagner en popularité, c’est qu’ils apparaissent comme de fins stratèges lorsqu’il il s’agit de cerner l’électorat. Selon Philippe Chassé, doctorant en sciences politiques à l’Université de Montréal et à Sciences Po Paris, la CAQ cible un électorat précis : résidant en région ou en banlieue montréalaise, un peu plus âgé que les électeurs d’autres partis et un peu plus riche que la moyenne. C’est aussi, évidemment, un électorat francophone.

François Legault peine donc à convaincre les montréalais, à l’exception de deux circonscriptions de l’est de l’île. Les électeurs de Montréal optent historiquement pour les libéraux, ce qui s’explique entre autres car c’est là que la population anglophone et immigrante du Québec a tendance à s’établir.

Le PQ et le PLQ sont les deux gros partis qui se disputent le devant de la scène parlementaire depuis les premières élections auxquelles prit part le jeune parti de René Lévesque. Le Parti québécois séduisait alors ceux qui rêvaient d’indépendance, tandis que le Parti libéral ralliait ceux qui ne percevaient le Québec qu’à travers le prisme fédéral, et qui craignaient un référendum en faveur d’un Québec libre.

Or de nos jours, les plus jeunes ne poursuivent plus envers et contre tous l’idéal d’un Québec souverain, bien que cette envie demeure auprès des générations précédentes.

La CAQ jongle habilement avec les attentes des électeurs québécois, cherchant à proposer un « juste milieu » afin de rallier à la fois l’électorat du PQ et celui du PLQ. Philippe Chassé explique que si le parti de François Legault parvient à séduire tant d’électeurs, c’est parce que « Sur beaucoup d’enjeux qui sont importants pour les québécois comme l’indépendance, ils vont chercher la position mitoyenne qui va plaire à tout le monde ».

Ainsi, la CAQ ne plaide ni en faveur de l’indépendance du Québec, ni en faveur de son appartenance au-delà de tout au Canada. Elle propose plutôt une voie davantage  autonomiste pour le Québec, tout en restant au sein de la fédération canadienne. De même, François Legault, en tant qu’ancien homme d’affaires, a raflé sans difficulté l’image de parti de l’économie qu’entretenait le PLQ.

Le succès de la CAQ apparaît alors à la fois comme la conséquence et la cause des crises identitaires qui traversent les deux partis se disputant historiquement la majorité à l’Assemblée.

Mais ce désir d’entre-deux, l’actuel premier ministre québécois ne l’a pas deviné. Dès 1995, un autre politicien avait lu dans le peuple québécois la nécessité d’un juste milieu entre les souverainistes et les libéraux. Mario Dumont prend les rênes de l’Action Démocratique du Québec très tôt et propose la voie autonomiste, qui connaît un grand succès. L’ADQ dépasse même le PQ en 2007 et occupe pendant plus d’un an la place d’opposition officielle face aux libéraux. Le jeune parti essuie par la suite une cuisante défaite aux élections de 2008 en chutant de 41 députés élus à seulement 7 (voir graphique). L’ADQ perd alors peu à peu sa place dans l’opinion public et finit par fusionner avec la CAQ.

Le fait que la Coalition Avenir Québec soit à la recherche de ce « juste milieu » si attractif pour l’électorat se traduit aussi dans sa composition même. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une coalition de personnalités politiques issues des partis les plus en vogue.

« François Legault a été ministre pour le Parti québécois longtemps, c’était une grosse figure du parti. Geneviève Guibault, qui est la vice première ministre en ce moment, c’est quelqu’un qui, historiquement, était beaucoup plus lié au Parti libéral. Il y a aussi des députés qui viennent de l’ADQ, dont Éric Caire » remarque M. Chassé.

 



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