Laurette de Vivie Aufroy

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  • Hommage à Dominique Bernard au Palais Bourbon

    Durant la séance de questions au gouvernement à l’Assemblée nationale de ce mardi, dans le contexte brûlant de la guerre Israël-Hamas, et des derniers attentats en France et en Belgique, l’heure était au recueillement et aux inquiétudes.

    La présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun Pivet a ouvert la séance de ce mardi par une pensée pour « nos amis belges et suédois, durement frappés hier, à leur tour, par le terrorisme islamiste ». Les yeux sont rivés sur les grands écrans de l’Assemblée, sur lesquels sont figés les visages des deux professeurs, victimes de l’islamisme radical, Dominique Bernard, assassiné vendredi dernier, et Samuel Paty, trois ans auparavant. Avant le début de la séance de questions au gouvernement, la présidente a invité l’hémicycle à observer une minute de silence à leur mémoire, et à celle de « toutes les victimes du terrorisme en Europe et ailleurs ».

    La séance débute de façon explosive. La présidente du groupe LFI Mathilde Panot, après avoir rendu hommage à Dominique Bernard, a sommé la Première ministre de « prendre toutes les mesures pour protéger les personnels et les élèves ». Elisabeth Borne, cinglante, a contourné la question en s’empressant de rappeler à la députée du Val-de-Marne, sous les applaudissements de la majorité, de la droite et de l’extrême-droite, les propos ambigus de son parti au sujet de l’attaque du Hamas en Israël, à l’origine de graves désaccords au sein de la Nupes : « Pour vous ce ne sont pas des actes terroristes, pour moi vous vous excluez du champ républicain ».

    À gauche, l’heure est au recueillement, à l’hommage. « Dominique Bernard a aujourd’hui un visage : celui de la France », a déclaré le président du groupe socialiste Boris Vallaud, avant d’interpeller la Première ministre, comme le secrétaire national du PCF Fabien Roussel un peu plus tôt, sur les dispositifs que le gouvernement prévoit de mettre en place afin de protéger les écoles, et de permettre à ces dernières de poursuivre leurs « missions éminentes ». Elisabeth Borne a rappelé à ce sujet qu’après le drame de vendredi dernier, le dispositif Vigipirate a été rehaussé, et la sécurité autour des écoles renforcée, car « transmettre la connaissance ne peut se faire dans la peur ».

     

    La loi immigration de nouveau au cœur des débats

    Du côté droit de l’hémicycle, assez rapidement après les hommages, ont fusé les critiques. Le président du groupe LR Olivier Marleix a fustigé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin sur son projet de loi immigration, que droite comme extrême-droite jugent insuffisant. Le député a appellé le gouvernement à « reprendre le contrôle de notre politique migratoire », estimant pour cela qu’il serait nécessaire de « changer la Constitution pour permettre à la France de recouvrir sa souveraineté ». « Modifiez la Constitution si vous le souhaitez dans trois ans, mais donnez aujourd’hui les moyens aux préfets, au ministère de l’Intérieur de protéger les Français », lui a rétorqué Gérald Darmanin.

    La présidente du groupe RN, Marine Le Pen, a accusé frontalement le gouvernement de se servir du drame d’Arras comme d’un tremplin pour « vendre la future loi sur l’immigration, en faisant croire que le droit actuel ne permettrait pas d’expulser le terroriste en question ». « Votre impuissance est avant tout la conséquence de votre absence de volonté réelle », a-t-elle poursuivi. Face à la présidente du groupe RN, la première ministre gronde : « Alors que la France est en deuil, que l’École est touchée, qu’un enseignant est mort ; vous vous lancez dans des polémiques politiciennes », tout en insistant sur la fermeté du gouvernement face au risque terroriste.

    La question de la loi immigration inquiète de tous les côtés. Alors que les partis de droite et d’extrême-droite avaient menacé de ne pas voter pour si les articles 3 et 4, concernant la régularisation des travailleurs sans-papiers exerçant des métiers en tension, n’étaient pas retirés du projet de loi, le député du groupe Renaissance Sacha Houlié tonne : « Les travailleurs n’ont pas à payer les pots cassés pour les délinquants ».

  • Un futur institut dédié aux cancers des femmes

    À l’approche d’Octobre Rose 2023, le mois de sensibilisation au cancer du sein, l’Institut Curie a apporté des détails sur le futur Institut des cancers des femmes, qui proposera une prise en charge pluridisciplinaire de ses patientes. 

    C’est une avancée importante dans la lutte contre les cancers féminins. Alors que le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez les femmes, et qu’en France près d’une femme sur huit y est confrontée au cours de sa vie, le futur Institut des cancers des femmes vient donner un souffle nouveau à la cause.  

     Lors d’une conférence de presse ce mardi, d’éminents chercheurs de l’Institut Curie, leader national en matière d’oncologie, ont insisté sur l’importance de la pluridisciplinarité dans la prise en charge des cancers, qui est l’essence même du projet porté par Curie, l’université PSL et l’Inserm. Cette future structure, qui a reçu le label d’Institut Hospitalo-Universitaire à l’issue de l’appel à projets du plan Innovation Santé 2030 d’Emmanuel Macron, est toujours prévue pour le courant de l’année 2024.  

     Ce projet, qui alliera la recherche, l’enseignement, ainsi qu’une prise en charge holistique des patientes aura pour but de « mieux comprendre, mieux diagnostiquer, mieux guérir et mieux suivre pour prévenir la récidive », explique la docteure Anne Vincent-Salomon, pathologiste spécialiste des cancers féminins à l’Institut Curie et directrice du futur Institut des cancers des femmesLa nouvelle structure sera imbriquée dans l’Institut Curie, dans le Ve arrondissement de Paris. Un membre du personnel de l’Institut Curie sur trois sera impliqué dans le projet, et toutes les patientes bénéficieront d’office d’une prise en charge au sein de l’IHU.

    Un projet collaboratif  

    Au futur IHU, les soignants et chercheurs de l’Institut Curie, mais également des philosophes du soin, économistes de la santé, sociologues, ingénieurs de l’École des Mines, et bien d’autres travailleront de pair afin de constituer, selon la future directrice, un véritable « écosystème mobilisé au service de la santé des femmes ». Des associations de patientes seront également « parties prenantes dans les instances dirigeantes de l’IHU », ajoute-t-elle. 

    Le projet proposera donc une approche pluridisciplinaire aux patientes en les suivant tout au long de leur parcours, qui peut parfois même commencer par un suivi préventif pour les femmes ayant des prédispositions génétiques. Le suivi après traitement sera par ailleurs renforcé, et l’IHU accentuera l’aide au retour au travail, procèdera à des bilans de compétences tandis que parallèlement, les associations seront toujours présentes afin de créer des espaces de partage et d’accompagnement pour les patientes. À ce titre, Sandrine Mouchet, rédactrice en chef du magazine édité par l’association de patientes RoseUp, salue le modèle promis par le futur IHU. Elle signale tout de même que pour les patientes qui subissent « la douleur du choc et des traitements »il ne faut pas oublier que « c’est aussi l’isolement qui blesse ». Le travail des associations demeurera donc d’une importance clef afin d’accompagner les femmes au travers de leurs cancers, en leur proposant diverses activités sportives, ateliers créatifs ainsi que des soins dits « de support », en supplément de ceux qui seront proposés à l’IHU.

  • Mayotte : les troubles dépressifs, symptômes d’inégalités [data-visualization]

    À Mayotte, les enjeux en santé sont de taille. Selon les résultats de l’enquête santé européenne (EHIS) de 2019, 21% de la population mahoraise âgée de 15 ans et plus se déclarait en mauvais, voire très mauvais état de santé. Et la santé mentale ne déroge pas à ce constat : 23% des 15-29 ans considéraient s’être déjà trouvés en proie à des symptômes dépressifs, contre seulement 10% en métropole.

    Les résultats de cette enquête de la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) viennent, encore une fois, souligner les profondes inégalités qui demeurent entre la France métropolitaine et les départements et régions d’Outre-Mer (DROM). L’île de Mayotte, ainsi que la Guyane, sont les DROM les plus sévèrement touchés par les troubles dépressifs.

    Dans sa Stratégie Nationale de Santé (SNS) 2018-2022, le ministère des Solidarités et de la Santé expliquait que « les territoires de Mayotte et de Guyane sont confrontés principalement à une situation d’insuffisance de l’offre de soins face à des besoins croissants, induits par des flux migratoires et une forte natalité ».

    Parmi les facteurs augmentant le risque de souffrir d’une dégradation de l’état psychologique, on retrouve entre autres le fait d’être dans un mauvais état de santé général, d’être confronté à des difficultés d’accès à l’emploi, ou encore le fait d’être né à l’étranger. Ces facteurs, évidemment non-exhaustifs, se retrouvent aisément à Mayotte.

    Alors, comment peut-on laisser se perpétuer des inégalités si criantes entre la France métropolitaine et les territoires ultramarins ? 

    Face à cette problématique, le gouvernement a donc annoncé vouloir “créer et développer” une offre en santé mentale à Mayotte. 

    Des différences culturelles 

    Ces inégalités en matière de santé sont aussi intrinsèquement liées aux différences culturelles existant entre la métropole et les territoires ultramarins.

    Le docteur Kaoutare Bahri, psychiatre à Mayotte depuis quatre ans et ayant ouvert son propre cabinet à Mamoudzou il y a deux ans, explique que les populations mahoraises, qui sont essentiellement africaines ou caribéennes sont des populations moins industrialisées, moins isolées au niveau familial, qui vivent un peu plus en collectivité et qui, de ce fait, ont des symptômes et pathologies qui sont un peu différents de ceux de la métropole”. 

    Selon la psychiatre, les personnes ressentant un mal-être auront plus tendance à se tourner vers leur entourage, plutôt que vers un spécialiste. La question de la santé mentale étant bien moins abordée qu’en France métropolitaine, il peut parfois s’avérer difficile pour les personnes en souffrance d’exprimer leur mal-être, ainsi que de trouver une oreille à laquelle se confier.

    Le docteur Bahri relève d’ailleurs que depuis qu’elle exerce à Mayotte, elle reçoit “un peu plus de dépressions masquées avec des troubles douloureux chroniques”, ce qu’elle explique par le fait que les mahorais ont de manière générale moins accès à la verbalisation de leurs émotions, et vont donc par conséquent avoir plus tendance à somatiser.

    Questionnée à ce sujet, l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Mayotte explique qu’elle “a sollicité et financé les groupes d’entraides mutuelles de l’île pour organiser pour la première fois à Mayotte les Semaines d’informations sur la santé mentale (SISM) » : une action de promotion de la santé mentale s’étant poursuivie en 2022 et en 2023. 

    L’ARS affirme également déployer des dispositifs proposant des actions de promotion de la santé mentale auprès de publics scolaires. À ce sujet, le docteur Bahri considère que malgré ces dispositifs, les élèves mahorais sont pour beaucoup en situation de grande précarité et “n’ont pas accès à une assez bonne éducation qui leur permettrait de verbaliser quoi que ce soit, et qui ne se sentent pas non plus assez secure dans leur milieu familial pour pouvoir parler de leurs émotions.”.  

    De plus, les psychologues scolaires étant assez peu nombreux à Mayotte, ils sont contraints d’alterner entre plusieurs écoles, ce qui rend l’accès à une consultation encore plus restreint.

    L’accessibilité des soins est d’autant plus complexe qu’à Mayotte, l’essentiel des activités se concentre à Mamoudzou, la capitale du département. Très peu de services médicaux sont dispensés en dehors de la ville, où il est d’ailleurs compliqué de se rendre étant donné de l’inexistence de transports en commun fiables, et la difficulté de circulation due aux embouteillages qui y sont constants.  Kaoutare Bahri, comme d’autres praticiens, se déplace régulièrement à l’extérieur de la capitale afin d’offrir des soins aux habitants des régions reculées.

    Améliorer l’attractivité de Mayotte

    Mayotte est le département français dont la population est la moins diplômée. Bien que l’île ne subisse pas réellement le phénomène de fuite des cerveaux, ce peu d’étudiants qualifiés ne suffit pas à combler les lacunes dans le milieu de la santé.

    De plus, il a été démontré que le niveau d’études a une influence sur la probabilité de traverser un épisode dépressif : seulement 8% des mahorais diplômés du supérieur ont déclaré en avoir souffert (Enquête santé DOM 2019).

    Le gouvernement a avancé, toujours dans sa SNS 2018-2022, vouloir améliorer l’attractivité de Mayotte afin d’encourager les professionnels libéraux à venir y exercer. 

    Interrogée à ce propos, l’ARS affirme travailler afin de permettre la mise en place de davantage de contrats, tout en ayant édité un livret d’aide à l’attention de toutes les branches du milieu médical, détaillant entre autres les aides financières à l’installation disponibles. 

    Les efforts produits afin de maximiser l’attractivité de l’île de Mayotte se font sentir, les effectifs augmentant considérablement dans certaines professions médicales et paramédicales, comme par exemple chez les infirmiers dont le nombre a augmenté de 654 à 865 entre 2013 et 2022. D’autres corps de métiers voient, eux, un progrès plus frileux, voire stagnant pour certains. 

    Malgré les mesures mises en place, le nombre de psychiatres à Mayotte peine à augmenter, au grand dam de la population dont les besoins demeurent criants. Sur place, le docteur Bahri relève des avancées en la matière avec la création en 2022 d’une Maison de Santé Mentale par l’association Mlezi Maore, ayant vu le jour dans le cadre de l’appel à projet national Fonds d’Innovation Organisationnelle en Psychiatrie (FIOP), qui fut lancé par le Ministère des Solidarités et de la Santé. Ce nouveau centre accueille des jeunes jusqu’à l’âge de 19 ans et est soutenu par l’ARS de Mayotte.

    Malheureusement, au-delà de cette structure, les avancées apparaissent comme plutôt maigres.

    “ À l’hôpital, on a beaucoup de barrières pour plein de choses. Typiquement, quand il y a des nouveaux psychiatres qui viennent d’arriver, on va juste leur faire un contrat, ça sera trois mois à l’hôpital ou ailleurs. Sur le public en tout cas, il n’y a pas trop de volonté de faire bouger les choses. C’est une politique macroniste aussi. On privatise un peu tout et on fait en sorte de rien mettre sur le public.”, déplore la psychiatre. 

    En somme, des initiatives sont bel et bien prises mais peu d’entre elles semblent aboutir. À l’issue de la période de la SNS 2018-2022, les troubles mentaux sont toujours très présents et peu soignés à Mayotte. Alors qu’il a été prouvé que le stress favoriserait les troubles dépressifs et vice-versa, l’opération “Wuambushu”, actuellement menée par le gouvernement d’Elisabeth Borne à Mayotte ne laisse pas réellement entrevoir des jours meilleurs en termes de santé, relèguant encore à l’arrière-plan ces problématiques.

     

  • Succès de la CAQ : un salon Bleu toujours plus bleu ? [data-visualization]

    La Coalition Avenir Québec s’est imposée comme gouvernement majoritaire pour la deuxième fois aux dernières élections générales. Face à elle, le Parti libéral et le Parti québécois semblent peu à peu s’essouffler.

    Ce n’est un secret pour personne : la CAQ connaît un succès fulgurant. Depuis son entrée dans la course électorale aux élections de 2012, le parti de François Legault ne cesse de remporter de nouveaux sièges à l’Assemblée, pour atteindre un total de 90 sièges aux élections d’octobre 2022.

    Ce nombre, très élevé, avait seulement été atteint à trois reprises par le plus ancien parti toujours en lice au Québec, le Parti libéral, aux élections de 1973 (102 sièges), à celles de 1985 (99 sièges), ainsi qu’à celles de 1989 (92 sièges).

    C’est la première fois depuis 1970 qu’un parti autre que le Parti Libéral ou le Parti Québécois détient une majorité de sièges à l’Assemblée.

    Une stratégie bien rodée

    Si François Legault et son parti parviennent tant à gagner en popularité, c’est qu’ils apparaissent comme de fins stratèges lorsqu’il il s’agit de cerner l’électorat. Selon Philippe Chassé, doctorant en sciences politiques à l’Université de Montréal et à Sciences Po Paris, la CAQ cible un électorat précis : résidant en région ou en banlieue montréalaise, un peu plus âgé que les électeurs d’autres partis et un peu plus riche que la moyenne. C’est aussi, évidemment, un électorat francophone.

    François Legault peine donc à convaincre les montréalais, à l’exception de deux circonscriptions de l’est de l’île. Les électeurs de Montréal optent historiquement pour les libéraux, ce qui s’explique entre autres car c’est là que la population anglophone et immigrante du Québec a tendance à s’établir.

    Le PQ et le PLQ sont les deux gros partis qui se disputent le devant de la scène parlementaire depuis les premières élections auxquelles prit part le jeune parti de René Lévesque. Le Parti québécois séduisait alors ceux qui rêvaient d’indépendance, tandis que le Parti libéral ralliait ceux qui ne percevaient le Québec qu’à travers le prisme fédéral, et qui craignaient un référendum en faveur d’un Québec libre.

    Or de nos jours, les plus jeunes ne poursuivent plus envers et contre tous l’idéal d’un Québec souverain, bien que cette envie demeure auprès des générations précédentes.

    La CAQ jongle habilement avec les attentes des électeurs québécois, cherchant à proposer un « juste milieu » afin de rallier à la fois l’électorat du PQ et celui du PLQ. Philippe Chassé explique que si le parti de François Legault parvient à séduire tant d’électeurs, c’est parce que « Sur beaucoup d’enjeux qui sont importants pour les québécois comme l’indépendance, ils vont chercher la position mitoyenne qui va plaire à tout le monde ».

    Ainsi, la CAQ ne plaide ni en faveur de l’indépendance du Québec, ni en faveur de son appartenance au-delà de tout au Canada. Elle propose plutôt une voie davantage  autonomiste pour le Québec, tout en restant au sein de la fédération canadienne. De même, François Legault, en tant qu’ancien homme d’affaires, a raflé sans difficulté l’image de parti de l’économie qu’entretenait le PLQ.

    Le succès de la CAQ apparaît alors à la fois comme la conséquence et la cause des crises identitaires qui traversent les deux partis se disputant historiquement la majorité à l’Assemblée.

    Mais ce désir d’entre-deux, l’actuel premier ministre québécois ne l’a pas deviné. Dès 1995, un autre politicien avait lu dans le peuple québécois la nécessité d’un juste milieu entre les souverainistes et les libéraux. Mario Dumont prend les rênes de l’Action Démocratique du Québec très tôt et propose la voie autonomiste, qui connaît un grand succès. L’ADQ dépasse même le PQ en 2007 et occupe pendant plus d’un an la place d’opposition officielle face aux libéraux. Le jeune parti essuie par la suite une cuisante défaite aux élections de 2008 en chutant de 41 députés élus à seulement 7 (voir graphique). L’ADQ perd alors peu à peu sa place dans l’opinion public et finit par fusionner avec la CAQ.

    Le fait que la Coalition Avenir Québec soit à la recherche de ce « juste milieu » si attractif pour l’électorat se traduit aussi dans sa composition même. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une coalition de personnalités politiques issues des partis les plus en vogue.

    « François Legault a été ministre pour le Parti québécois longtemps, c’était une grosse figure du parti. Geneviève Guibault, qui est la vice première ministre en ce moment, c’est quelqu’un qui, historiquement, était beaucoup plus lié au Parti libéral. Il y a aussi des députés qui viennent de l’ADQ, dont Éric Caire » remarque M. Chassé.

     

  • Après Roxham, le calme

    Après Roxham, le calme

    Le Canada et les États-Unis ont modifié le 25 mars l’Entente sur les tiers pays sûrs, mettant fin au vide juridique qui permettait à des milliers de migrants de déposer leur demande d’asile au Canada. Le chemin Roxham, à Champlain, emblème de ce flou administratif, est désormais désert.

    La nature se réveille doucement de sa torpeur, les premières fleurs apparaissent et on n’entend plus que le bruissement du ruisseau que tant de personnes ont longé, parsemé de çà et là par le pépiement des oiseaux. Il ne s’agit plus que d’un chemin de campagne semblable à mille autres, à la différence que celui-ci aboutit à de gros blocs de béton et des véhicules de la Gendarmerie Royale du Canada.

    Plus personne ne passe au chemin Roxham depuis le 25 mars. Cela fera bientôt un mois que le Canada et les États-Unis ont modifié l’Entente sur les tiers pays sûrs, qui ne permet plus aux migrants d’entrer dans l’un des deux pays par un point d’entrée irrégulier afin d’y présenter une demande d’asile.

    Sur place, le calme est revenu. Le chemin est toujours gardé par quelques agents de la GRC, aidés par de très nombreuses caméras de surveillance. Il est difficile de s’imaginer que jusqu’au mois dernier, près de 200 personnes par jour empruntaient cette voie d’entrée irrégulière.

    Le poste frontalier irrégulier du chemin Roxham est désertique depuis le 25 mars 2023. Photo : Laurette de Vivie Aufroy

    Une voisine proche du poste frontalier, qui souhaite rester anonyme,  se réjouit de cette fermeture, expliquant que l’activité incessante à Roxham l’empêchait de dormir la nuit : « C’est un village qui s’était installé là, avec le camion qui aux deux jours venait vider la merde (…), avec des autobus qui arrivaient 24/24h. » Malgré l’agitation constante sur le chemin, cette voisine souligne qu’elle n’a jamais eu d’altercation avec aucun de ces migrants « Ces gens-là ne nous feraient jamais de mal à nous, ils passent, c’est tout ».

    L’arrêt total des passages ?

    La frontière canado-américaine, qui cumule près de 9 000 kilomètres, est la plus longue frontière terrestre entre deux États au monde. La modification de l’Entente ainsi que la fermeture du chemin Roxham soulèvent donc la question de la capacité des services frontaliers à surveiller l’ensemble de cette frontière.

    Au bout du chemin Roxham, du côté canadien, 14 avril 2023. Photo : Laurette de Vivie Aufroy

    Maryse Poisson, directrice des initiatives sociales au collectif Bienvenue, un groupe de première ligne aidant chaque jour des familles migrantes, explique que l’on peut s’attendre à ce que les gens essaient d’entrer au Canada avec des passeurs, puis essaient de se cacher pendant 14 jours, délai au bout duquel il leur sera possible de présenter leur demande.

    Maryse Poisson (2ème en partant de la droite) et d’autres membres du collectif Bienvenue, lors d’un rassemblement devant le bureau de circonscription de Justin Trudeau, le 30/03/23. Photo : Laurette de Vivie Aufroy

    « On s’inquiète beaucoup du nombre de personnes qui vont faire des passages dangereux, des femmes avec des enfants qui vont traverser la forêt… » déplore-t-elle.

    En effet, la voisine du poste frontalier à Roxham confie que déjà « Des policiers sont allés intercepter des migrants hier ou avant-hier, dans un autre chemin ».

    François Crépeau est professeur de droit international, et fut le Rapporteur spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme des migrants de 2011 à 2017.  Selon lui, certaines personnes migrantes souhaitant venir au Canada par tous les moyens ne seront pas découragées par cette fermeture. Avec la modification de l’Entente sur les tiers pays sûrs, il pense qu’« on vient d’ouvrir la porte à une grande industrie clandestine du passage ».

    « Le gros avantage du chemin Roxham, c’est que nous savions où les demandeurs d’asile venaient. Ils étaient immédiatement enregistrés. Il n’y avait pas de passeurs de migrants impliqués. Les gens venaient par des moyens légaux, en taxi, en autobus, etc. On ne leur prenait pas 2 000, 5 000 dollars pour faire un passage clandestin. On ne subventionnait pas toute une industrie clandestine et ils arrivaient, ils étaient enregistrés, on savait qui c’était, on pouvait faire des vérifications de sécurité si nécessaire. Tout ça était géré, c’était gouverné. » explique-t-il.

    François Crépeau, ancien Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme des migrants et professeur de droit international, 11/04/23. Photo : Laurette de Vivie Aufroy

    M. Crépeau explique également que la modification de cet accord ne va pas aider à améliorer la situation de grande précarité dans laquelle se trouvent de nombreux migrants. Il relève le fait que nombreux d’entre eux travaillent dans l’agriculture, la construction, le travail domestique ou encore la restauration, domaines dans lesquels ils sont souvent exploités et où les inspections du travail seraient très peu efficaces pour les protéger, d’autant plus lorsqu’ils sont en situation irrégulière. La condition même de migrant empêcherait ces derniers de s’exprimer : « Personne ne se plaint puisque les migrants ne se plaignent pas. Les migrants sont réduits au silence par le fait qu’il y a cette menace constante d’être soit arrêté, détenu, déporté pour les travailleurs migrants sans papier, soit d’être blacklisté pour l’année prochaine si vous êtes travailleur migrant temporaire » souligne le juriste.

    Une question avant tout de politique

    M. Crépeau estime également que la demande de François Legault de renégocier l’entente, et son approbation par Justin Trudeau ne relèvent que de décisions électorales. En effet, la Coalition Avenir Québec est majoritairement élue en région, tandis que « La partie du Québec qui connaît les immigrants, Montréal, ne vote pas contre l’immigration ». La CAQ chercherait donc avant toute chose à satisfaire son électorat, qui se situe majoritairement en région et en banlieue montréalaise, et qui ne connaît par conséquent pas vraiment l’immigration. « La grande région de Toronto reçoit la moitié des immigrants du Canada chaque année, et ça n’a pas l’air de leur poser problème », relève François Crépeau. Cette frilosité face à l’immigration est d’autant plus présente au Québec, car il y existe une véritable peur de la perte de la langue française. À ce sujet, M. Crépeau encourage la mise en place de programmes pour franciser les nouveaux arrivants, et explique qu’il serait très restrictif de n’accepter que des immigrants francophones, qui ne représentent que 7% de la population mondiale.

    De même, si M. Trudeau a concédé à la demande du premier ministre québécois, c’est, selon le juriste, afin de priver le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre d’un de ses arguments aux prochaines élections.

    « C’est une logique électorale. Ce n’est pas une logique économique et ce n’est pas une logique sociale. Ce n’est pas une logique de droit de l’homme et ce n’est pas une logique de droit du travail. »  tranche M. Crépeau.

    Qu’en est-il du droit international ?

    Le Canada, tout comme 151 autres États des Nations Unies, a signé le Pacte mondial sur les migrations en 2018, qui prévoit que les États signataires s’engagent à faciliter la mobilité légale et sécuritaire des populations migrantes, ainsi qu’à faciliter leur inclusion. François Crépeau rappelle néanmoins qu’il s’agit d’un texte de soft law, qui est donc facultatif.

    En 2020, la Cour fédérale du Canada avait conclu que l’Entente sur les tiers pays sûrs était inconstitutionnelle, car elle « violait les droits à la vie, à la liberté et à la sécurité de la personne », garantis par l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés. Ce jugement avait par la suite été annulé par la Cour d’appel fédérale.

    Selon François Crépeau, la situation a peu de chance d’évoluer dans un futur proche, sauf si la Cour suprême juge à son tour l’Entente inconstitutionnelle.

    Le juriste souligne que la migration est un atout économique majeur, surtout dans un pays comme le Canada qui traverse une pénurie de main d’œuvre. Un afflux migratoire important peut se révéler bénéfique pour un pays, si le gouvernement de ce dernier décide de mobiliser les ressources nécessaires.

    « L’arrivée des Syriens était une crise politique majeure en Europe. 1 million de Syriens. 8 millions d’Ukrainiens, dont 5 millions couverts par la directive sur la protection temporaire. Ce n’est pas une crise. Pourquoi ? Parce qu’on était prêts. On a mis en place cette directive, on avait des mécanismes, on a géré la crise. Si on veut la gérer, on peut le faire. Il faut gouverner la migration, il ne faut pas l’interdire. Prohiber la migration, la mobilité, c’est se tirer dans le pied et créer des problèmes. » conclut l’expert.

  • De nombreux électeurs de la circonscription de Camille-Laurin ont été privés de leurs votes aux élections générales de 2022 [data-visualization]

    C’est un bien triste record que la circonscription de Camille-Laurin a décroché cet automne : celui du plus haut nombre de votes rejetés.

    Cette circonscription de l’est de l’île de Montréal historiquement sympathisante du Parti Québécois a vu son nombre de votes non valides exploser lors des dernières élections générales. Près de 8,7 % des votes ont été rejetés, ce qui fait de Camille-Laurin la grande gagnante de la catégorie, devant la circonscription d’Ungava (Nord-du-Québec) qui comptabilise 3,2 % de votes rejetés.

    Cette explosion du taux de votes rejetés est due à l’annulation des votes par anticipation pour Marie-Eve Rancourt. L’affaire avait fait du bruit : l’ex-candidate de Québec Solidaire avait été filmée à son insu en train de subtiliser un tract de son adversaire péquiste Paul St-Pierre Plamondon et de le remplacer par un des siens. Après la publication de la vidéo sur Facebook, Mme Rancourt s’était excusée de son geste et retirée de la course électorale.

    La porte-parole du Directeur général des élections du Québec Julie St-Arnaud avait souligné le caractère secret du vote, qui empêchait logiquement de permettre à ceux qui avaient voté par anticipation pour la candidate de QS de voter à nouveau.

  • Podcast : l’exploration urbaine, diversité des profils et des pratiques

    Podcast : l’exploration urbaine, diversité des profils et des pratiques

    Podcast sur la pratique de l’urbex ou exploration urbaine, réalisé avec Anaël Rolland-Balzon.

  • François Legault à l’écoute de l’opposition

    Après leur rencontre, le nouveau chef du Parti Libéral du Québec Marc Tanguay salue l’écoute du Premier ministre et souhaite travailler de concert avec la CAQ dans l’intérêt du peuple québécois.

    À la suite d’une discussion « agréable » et « franche » avec le Premier ministre jeudi dernier, Marc Tanguay se montre optimiste quant à la collaboration des deux partis. Selon le chef du PLQ, François Legault s’est montré à l’écoute et a pris « beaucoup de notes ». Il espère que le Premier ministre prendra en compte les préoccupations portées par son parti et attend de lui des « solutions tangibles ».

    Un travail parlementaire axé sur l’économie

    Marc Tanguay estime que l’économie doit être le point de départ afin d’atteindre les objectifs collectifs du peuple québécois.

    Bien qu’il ne partage pas les mêmes points de vue sur la question, M. Legault s’est montré attentif à la proposition de création d’une Commission nationale sur l’énergie afin de redéfinir les besoins actuels et futurs en matière énergétique, ainsi que les investissements publics devant mener à terme à la carboneutralité.

    Marc Tanguay insiste sur la nécessité de pallier aux lacunes des services sociaux au Québec, au sujet desquels il reproche de mauvais résultats à la CAQ. Le chef de l’opposition officielle explique vouloir résoudre les problématiques du système de santé en commençant par offrir des conditions de travail plus décentes, afin de limiter entre autres le départ de certains professionnels pour le privé. Le Premier ministre a semblé particulièrement intéressé par les préoccupations autour des services de garde d’enfants, dont M. Tanguay présente le manque comme une problématique autant sociale (certains jeunes enfants étant ainsi privés d’accès à des professionnels de la petite enfance) qu’économique (des mères souvent contraintes de mettre leur carrière en « veilleuse »).

    Bien que le PLQ déplore un nombre historiquement faible d’élus, le chef du parti se montre confiant en soulignant la fraîcheur apportée par les nouvelles et nouveaux députés, qui permettront selon lui de proposer davantage de solutions innovantes. Marc Tanguay affirme que son parti a « tourné la page » de cette défaite, et souhaite agir au maximum dans l’intérêt des québécois en « talonnant le gouvernement pour avoir de bons résultats ».

  • Un juge ordonne l’interruption de travaux entrepris par l’Université McGill

    Un juge ordonne l’interruption de travaux entrepris par l’Université McGill

    Les Mères Mohawks sont soulagées par la décision prise par le juge de la Cour Supérieure du Québec, qu’elles qualifient d’ « historique ». Ce dernier a ordonné fin octobre l’interruption temporaire des travaux d’excavation sur le site de l’Allan Memorial Institute.

    Le groupe d’autochtones de Kahnawake s’oppose aux travaux entrepris par McGill sur ce terrain de l’ancien hôpital Royal Victoria, car elles y soupçonnent la présence de tombes anonymes de jeunes autochtones victimes d’expériences menées dans le cadre du projet MK-Ultra.

    Les gouvernements américains et canadiens ainsi que la CIA sont à l’origine de ce projet ayant eu lieu entre 1953 et 1970, qui visait à développer des techniques de contrôle de l’esprit humain.

    Ces soupçons proviennent du témoignage d’une survivante de ces expériences, qui raconte avoir été victime de lavages de cerveaux et témoin de nombreux autres cas de maltraitances sur des patient.es.

    Le juge Grégory Moore a accordé cette injonction aux Mères Mohawks tout en rappelant que la reconnaissance des tombes anonymes d’autochtones est une problématique importante du Canada, qui s’inscrit dans le cadre de la Commission de vérité et de réconciliation du Canada.

    Un problème plus vaste encore

    L’anthropologue et interprète des Mères Mohawks Philippe Blouin, rappelle le lourd passif de maltraitance d’enfants du Canada et au Québec :

      « Il y a une connexion plus large entre les expériences qui ont été menées ici et le traitement des enfants au Québec dans les années 50 et 60, notamment l’histoire des orphelins Duplessis (…) c’était sur une échelle massive que ça avait lieu à Montréal (…) C’est des cas de traitements abusifs généralisés de la part des autorités et des institutions religieuses (…) il y avait des milliers d’enfants qui étaient incarcérés »

    Les différentes parties devront discuter d’un plan archéologique qui sera mis en place après l’hiver. Ce jugement « historique »  donne espoir aux Mères Mohawks qui selon Philippe Blouin,

    « (…) veulent aussi lutter pour que ça ne soit pas seulement les autochtones qui puissent être reconnus mais aussi plus généralement les orphelins et les mauvais traitements des enfants dans les années 50. »

  • Élections générales : peut-on toujours compter sur les médias ? [Chronique]

    Le journalisme, c’est l’art de fouiner pour trouver la vérité. En période électorale, la population s’appuie sur les médias pour comprendre ce qui est proposé par les divers partis. Comment l’électeur québécois appréhende-t-il l’environnement médiatique des élections alors qu’une journaliste de Radio-Canada a récemment rejoint le parti au pouvoir comme candidate ?

    Cet été Martine Biron a rejoint le parti de François Legault, qui est sorti vainqueur ce lundi. Ce basculement nous rappelle la nécessité d’une distance face à l’information, même celle rapportée par ceux supposés incarner l’impartialité.

    Le changement de position de l’ex-analyste pourrait alors être un avantage pour la CAQ, qui a dorénavant en son sein une personne dont le nom est familier à une importante partie de la population, et qui a durant de longues années travaillé au service de la démocratie, animée par la passion de rapporter la réalité. Parallèlement, cet évènement pourrait accentuer la méfiance envers la profession de journaliste, et être perçu comme une trahison.

    Alors que Mme Biron rejoint le parti du 1er ministre québécois, elle effectue un rétropédalage au sujet du 3ème lien entre la ville de Québec et Lévis. Ainsi, celle qui critiquait l’absence de données au sujet de la nécessité de ce tunnel il y a quelques temps plaide maintenant en la faveur du projet.

    Ce passage rapide à la vie politique a pu semer le doute chez les québécois, qui plus est en période électorale. À qui accorder sa confiance lorsqu’une des figures importantes d’un média prônant l’indépendance par rapport au gouvernement rejoint elle-même ce gouvernement ?

    Lorsqu’un individu lit un article, il se doit d’être attentif à chaque mot, à chaque formulation car il est facile de voir son opinion se faire orienter dans telle ou telle direction. Prenons l’exemple de l’affaire de retrait de tract par une (ex) candidate de Québec Solidaire dans des boîtes aux lettres. Cette information a été très largement reprise par les médias québécois et canadiens, et entre autres par Radio-Canada[i]. La formulation, le choix des mots participent à forger un avis lors de la lecture d’un article, et il peut être inquiétant pour le lecteur de se rendre compte qu’un média aussi important pourrait publier un article rédigé par un journaliste ayant des ambitions d’activisme politique, comme Martine Biron qui a rejoint la CAQ après 30 ans à Radio-Canada.

    Élections Québec rapporte un taux de participation aux élections régionales en décroissance par rapport aux dernières élections. Cette année, seulement 66,06% des québécois sont allés aux urnes contre 66,45% pour les élections de 2018. On assiste à une baisse de la confiance et de l’intérêt des québécois envers le champ politique, qui peut être mis en parallèle avec la chute de la confiance envers les médias.

    La pandémie de COVID-19 n’ayant certainement pas poussé vers le haut la tendance, le niveau de confiance des canadiens envers les médias n’a jamais été aussi bas, et s’élève à 42% pour l’année 2022. Au Québec, ce taux de confiance est légèrement supérieur et arrive à 47% au début de l’année. [ii]

    Il est important de relever la croissance d’Internet dans la prise d’information : en 2018, 4 québécois sur 10 affirmaient utiliser des supports en ligne comme source première d’information, tandis que les journaux mais surtout la télévision connaissent une perte d’intérêt. Près de 60% des 18-24 ans déclarent s’appuyer sur les médias sociaux pour s’informer sur les nouvelles[iii]. Avec la facilité de création et de diffusion de contenu par le biais d’Internet, de très nombreux médias et journalistes prennent part à la diffusion de l’information. Rappelons-le, tout le monde ou presque a aujourd’hui la possibilité de faire du journalisme. Alors que le monde de l’information s’étend, avec un nombre d’acteurs toujours plus élevé, les nuances et avis se multiplient. Les informations fausses et/ou biaisées suivent le même cheminement et se font de plus en plus nombreuses.

    Le lecteur en quête de vérité se retrouve alors inévitablement emporté dans la cacophonie de la libre information, à ne plus savoir qui écouter ni qui croire. N’importe quel « influenceur » peut publier des propos soutenant ou s’opposant à un candidat ou à un parti et être écouté, approuvé et relayé à très grande échelle et en très peu de temps. Il en va de même pour les fausses informations.

    La baisse de confiance dans tous les pans de la société se fait ressentir au travers de facteurs déterminants : l’intérêt, la confiance envers les acteurs de la politique et envers les médias. Les journalistes se doivent de rester attentifs à leurs prises de position, à leurs ambitions politiques afin de soigner la confiance de leur audience. Ils respectent des codes déontologiques dans ce but, afin de préserver une presse libre et bénéfique à la société.

    [i] Dépliant substitué : la candidate de QS dans Camille-Laurin se retire de la course, Jérôme Labbé et Jean-François Thériault, 26 septembre 2022, Radio-Canada

    [ii] Enquête sur l’état de la confiance envers les médias du Digital News Report du Reuters Institute

    [iii] Enquête du Reuters Institute for the Study of Journalism et du Centre d’études sur les médias

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